Je dois t’avouer que ce sujet me trotte dans la tête depuis déjà plusieurs mois.
Pourquoi ne l’ai-je pas abordé plus tôt ? Par pudeur, par réminiscence, par peur ou par douleur ?
Une fois n’est pas coutume.
Je ne te propose par un article mais une lettre…
Lettre ouverte au deuil.
Cher deuil,
Je ne t’aime pas !
D’abord parce que je te trouve laid. Oui. Tu es laid comme tes lettres. Ton “d” est violent et tes voyelles sont dysharmonieuses.
J’aurais préféré un autre mot pour parler de la mort. Car il s’agit bien de cela : la mort.
Ensuite parce qu’il paraît que dans la mort il faut “faire le deuil”.
Pour moi, cela ne veut rien dire.
“Faire”…justement deuil, sache qu’il n’est plus possible de “faire” quand tu es là, il n’est plus possible de parler, rire, sentir et enlacer nos êtres chers que l’on voudrait pour toujours vivants.
Et puis, les spécialistes s’accordent à décomposer le deuil en étapes passant du déni vers l’acceptation.
C’est là où je ne t’aime pas.
Sache deuil que je ne veux PAS accepter, je ne peux PAS et je ne pourrai JAMAIS.
Voilà, c’est dit, c’est clair maintenant entre nous.
Sors de ma vie deuil !
Je ne t’aime pas !
Se sentir légère
Et bien crois le ou non, rien que de coucher sur papier ces mots me fait un bien fou.
Je me sens plus légère et moins en colère.
Comme toi j’ai perdu des êtres chers, que j’aimais profondément et surtout avec qui je me suis construite.
J’ai perdu ma soeur…perdu…tu vois j’ai encore l’impression que je vais la retrouver, quelque part, ici bas.
A toi aussi il t’arrive de rêver de ton être, de croire qu’il ou elle vit quelque part, en vie, et que bientôt, c’est sûr, cet être reviendra ?
Il suffit de le vouloir très fort, de penser à lui ou elle chaque jour, plusieurs fois par jour.
A toi aussi soudainement la réalité te ramène brutalement dans une réalité que tu rejettes, te ramène au vide, au désarroi, à l’injustice, à l’incompréhension et à la douleur abyssale d’être face à la mort? Car oui, il faut l’admettre, il s’agit bien de la mort.
Le soulagement
La mort n’est pas belle non plus. Elle nous enlève ce qu’on voudrait éternel.
Et puis, à d’autres moments, quand j’y pense sérieusement, c’est-à-dire, avec objectivité, la mort retire la douleur de celle ou celui qui souffrait. Elle le soulage et le délivre.
C’est un moment de grâce qui rend la dignité à ce corps épuisé.
Il faut bien l’admettre que nous aussi, les vivants, sommes soulagés car rongés par la lutte et la tristesse infinie de voir partir notre être cher.
Je n’oublie pas, ne t’en fais pas, des départs violents, des accidents et des injustices de celles et ceux, si jeunes, si bons et si merveilleux, parfois à peine venu.es au monde.
Quelle est l’issue pour les vivant.es ? Enfin, disons les vivants qui semblent peu à peu devenir des survivant.es…
Je ne connais pas la réponse. Tout ce que je sais, c’est que nous sommes là.
Vivre
Pour vivre j’ai lu plusieurs ouvrages dont Au Nom des Miens de Martin Gray, Les Déracinés de Catherine Bardon, les écrits du Dalaï-Lama, les prières…
J’ai beaucoup parlé aussi car parler de nos être chers continuent de les faire exister, de les faire vivre et tu vois parfois, de rire.
A toi aussi parfois il arrive de rire en parlant de ton être cher ?
Pas encore ? Cela viendra…
Crois moi c’est possible. Possible de vivre avec ces êtres chers, en douceur, petit à petit.
Le processus
C’est lorsque j’ai réussi à rire d’anecdotes concernant ma soeur et moi que j’ai compris le processus.
Je ne voulais pas l’admettre mais il existe bel et bien un processus.
- Le choc
La mort est survenue et tu dois préparer les obsèques et ses rituels.
2. La fuite
Tu t’accroches à ton être cher. Tu sens son odeur sur ses habits, tu regardes beaucoup de photos, tu consultes sa messagerie pour encore entendre sa voix…
3. La recherche
C’est à ce moment où tu vas accueillir des émotions et te détacher de certains liens, peu à peu. Tu vas chercher du soutien auprès de ton entourage ou avec de nouveaux réseaux d’ami.es.
4. La destructuration
Tu comprends que ton être cher est mort et qu’il ne reviendra pas.
C’est une étape très difficile qui peut t’entraîner vers une dépression. Elle dure de 1 à 3 ans.
C’est durant cette étape que l’on doit prendre soin de toi.
5. La reconstruction
Tu apprends à te redéfinir par rapport à toi, aux autres et surtout à ton être cher disparu.
Tu deviens différente.
Les émotions
1. La colère
Pourquoi votre être cher est mort si vite, si jeune, si tôt ? Pourquoi m’a-t-il abandonné ? Pourquoi moi ?
2. La culpabilité
J’aurais dû être plus présent.e, j’aurais pu mieux l’accompagner, j’aurais dû lui dire que je l’aimais, j’aurais dû régler les différends que j’avais avec lui….
Maintenant, je ne peux plus rien faire, rien dire. Mon être cher est parti, c’est trop tard…
3. La tristesse
Tu penses que ton avenir est détruit, anéanti. Tu pleures.
Il est bon de pleurer, crois moi.
4. La peur
La peur de vieillir seul.e, peur de ne plus réussir à vivre sans l’autre, peur de s’autoriser à être de nouveau heureuse, de retrouver l’amour.
5. Le soulagement
Celui de la fin des souffrances de son être cher.
Aller mieux
Pour te sentir mieux, après toutes ses étapes, je peux te conseiller de mettre en place des rituels :
- écris une lettre à ton être cher
- dresse un portrait de cet être avec ses qualités et ses défauts
- rend lui hommage
- nomme les changements que tu devras affronter dans ta vie
et surtout, surtout… CÉLÈBRE LA VIE !!!
Pour t’aider dans ce moment, je peux te proposer des séances de sophrologie en groupe ou en séances individuelles.
Sophrority, la Sophrologie au service de la Sororité !